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Quelles actions pour les publics éloignés de la culture ?

« La culture est le seul bien au monde qui ne diminue pas si vous le partagez, mais qui ne fait que s’amplifier. » Hans Georg Gadamer

 

Travailleurs sociaux et bibliothécaires réunis lors d'une formation co-organisée par la Médiathèque départementale, la Direction de l'insertion et la FDMJC

Les objectifs :

  • - favoriser une meilleure connaissance des structures culturelles, du champ social et de l'insertion, 
  •  - sensibiliser à l’importance de développer des liens entre actions culturelle et sociale,
  •  - échanger sur les représentations de la culture et des publics,
  •  - identifier les freins et les facteurs de réussite d’une action à destination des publics éloignés de la culture.

 

  1. Des techniques théâtrales pour une réflexion par l'action

 

La pédagogie adoptée pour cette formation n'a pas été d'apporter des éléments théoriques, il s'agissait de faire appel à la participation active des stagiaires. Les divers exercices ont permis de vivre des expériences, de les partager, d'en formaliser le ressenti pour faire émerger des réflexions ; démarche similaire à celle qu'il convient d'adopter pour une action culturelle. Il a été fait appel, entre autres, au théâtre-forum, outil tant artistique que démocratique, mis au point dans les années 60 par Augusto Boal dans les favelas de Sao Paulo : une scène sur une problématique est jouée une fois puis une seconde fois mais alors le public peut intervenir pour faire évoluer la tournure de la situation, tester des propositions.

De nombreuses questions ont ainsi été mises en ébullition durant toute la journée : A quoi sert la culture ? en tant que professionnels, quelles sont nos représentations des différentes pratiques artistiques et culturelles ? comment inviter les publics à la curiosité ? comment se positionner professionnellement comme un relai, un passeur culturel ?

Pour animer la formation, il a été fait appel à la compagnie FMR engagée dans des projets artistiques en zone rurale (A quoi rêve le Pays d'Othe), en milieu hospitalier et en lien avec l'éducation nationale ainsi que dans des actions de prévention par le théâtre forum (cet outil tant artistique que démocratique offre un support concret pour aborder un sujet).

Les intervenants : Isabelle Aichhorn et Augustin Bécard de la Compagnie FMR (Fais-moi rêver) engagée dans des projets artistiques en zone rurale, en milieu hospitalier et en lien avec l’éducation nationale ainsi que dans des actions de prévention par le théâtre forum.

A quoi rêve le Pays d'Othe ?  

La mobilisation du public a été exceptionnelle lors des temps forts  (plus de 1000 personnes) grâce à une démarche axée sur les habitants et leur participation. Ceux-ci étaient sollicités sur leurs rêves pour le territoire où ils vivent, et invités  à identifier des voisins à photographier en vue de constituer un album de portraits représentatifs de tous les âges de 0 à 99 ans. Chacun s'est ensuite rendu dans les lavoirs où étaient exposées les photos et à assister à des spectacles.

 

 

  1. Porter attention à l'autre

Les premiers exercices visaient à mettre en oeuvre l'écoute active, essentielle dans la relation à l'autre.

 

Pour se présenter, poser sa main sur l'épaule de son voisin gauche, lui tendre l'autre main et énoncer son prénom, le voisin donne à son tour son prénom, le voisin de droite pose la main sur notre épaule et nous demande ce que notre voisin de gauche vient de dire. cet exercice ne s'avère pas si simple que cela à exécuter; se synchroniser avec le autres demande beaucoup d'attention.

 

 

 

 

 

 

 

 

Guider son partenaire qui a les yeux fermés pour l'aider à se déplacer. Là c'est la confiance, qui est en jeu ainsi que la stratégie mise en place entre les deux personnes. On a pu noter que chacun s'est approprié l'exercice en fonction de sa personnalité et de celle de son partenaire ; tout comme dans une action culturelle, le professionnel doit s'adapter à la personne qu'il accompagne.

 

 

  1.  

  2.  

  3. Pour vous, qu'est-ce que la culture ?

Les exercices suivants ont permis de s'interroger sur les représentations de la culture :

                - exprimer un avis sur une pratique, un genre en se positionnant d'un côté ou de l'autre d'une ligne blanche 

                - donner des synonymes de transmission, information, culture, divertissement ...

Force est de constater qu'entre nous, il peut parfois y avoir des clivages ou aussi des consensus. Il est fondamental d'être attentif à ces différentes représentations présentes également chez les publics avec lesquels une action est envisagée. A été également constaté que l'on peut apprécier une activité sans la pratiquer (ex : la poésie), et que l'on peut l'apprécier pour des raisons différentes.

Salon du livre / consensus 

 

Musique électro  / avis différents 

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  • Comment susciter l’envie du public de participer à une action ?

Voici une interrogation commune à tous les participants et à laquelle ils ont pu trouver des éléments de réponse grâce à l'atelier suivant : par groupe de 3-4, les stagiaires ont réfléchi aux actions à mener en amont d'une sortie (pièce de théâtre, concert de jazz, visite d'un château...).

Les propositions ont mis en évidence la nécessité de prendre bien souvent des chemins de traverse pour arriver à la sortie culturelle finale, celle-ci ne doit d'ailleurs pas être conçue comme un but en soi. Les actions en amont ont pour objectif d'établir une relation de confiance réciproque. Pour cela, il apparait important de partir des envies des publics, de trouver des points de rencontre, de s'appuyer sur quelques personnes, sur leurs compétences, leurs cultures et pratiques, ils se feront  le relai auprès des autres. Pour les actions collectives, la dynamique de groupe est un enjeu fort ; les annexes peuvent y contribuer (ex : covoiturage). Une attention particulière est à accorder à la notion d'échange de pratiques et de cultures ; le don est à appréhender au sens large (on sait combien un repas partagé peut y contribuer). Enfin, une place essentielle doit être donnée à la pratique artistique ; c'est par le vécu d'une expérience qu'on en trouve son intérêt, que le partage est possible. 


Bon à savoir

Mener des projets à destination des publics éloignés de la culture fait partie des missions des équipements culturels ; ils sont donc disposés à être associés.

La médiathèque départementale est également à la disposition des travailleurs sociaux pour les accompagner à définir un projet, à faire le lien avec les structures locales, notamment bibliothèques. La direction est organisée en 5 secteurs suivis chacun par un bibliothécaire, référent de territoire.

 

 

 

  1. Pour résumer : quelques éléments de réflexion apportés aux interrogations initiales

Pourquoi la culture pour des personnes en situation de précarité qui ont d’autres préoccupations ?

C'est une bouffée d'oxygène. Cela renforce l'estime de soi.

C’est un vecteur de cohésion de groupe, de confiance.

Faire découvrir la région, ses richesses, son patrimoine pour l’apprécier, porter un autre regard sur le lieu où on vit,  ne plus entendre « c’est nul ici ».

 

Comment susciter l’envie du public de participer à une action ?

Adopter une démarche participative, impliquer le public avant, pendant, après.

Prendre appui sur un noyau de participants, sur leurs pratiques ; ils prendront plaisir à les présenter aux autres, à relayer l’action ; ils en seront prescripteurs.

Faire confiance aux participants, accorder une attention à leurs cultures, leurs pratiques ; se placer sur un pied d'égalité, de partage, ce face- à-face est facilitateur

Partir des souhaits, des représentations culturelles des participants pour créer un parcours (ce qu’ils font, ce qu’ils aimeraient faire, veulent partager). Entendre le sens que les autres (y compris les partenaires) mettent sur le champ culturel. Etre en capacité d’accepter alors ce qui émerge.

 

Comment partir de leur désir quand il peut être difficile de les verbaliser ?

Passer par la pratique, l’expérimentation physique. Le rapport à l’émotion est dénominateur commun, il évite le clivage car il écarte toute notion de norme.

 

Comment mettre en place une action quand le temps consacré aux personnes est limité, quand une action collective n’est pas possible ?

Adapter son projet au temps disponible.

Cibler 2-3 familles.  

 

Autres facteurs de réussite d’une action

Cibler un public précis même si l’action peut toucher un public plus large au final ; cela permet d’adapter les actions de médiation.

Avoir recours aux ressources locales.

Identifier les partenaires, artiste(s) pour une autre vision du projet, le co-construire avec eux.

 

Paroles des participants à la formation

 

 

Cette journée m’a conforté dans mon envie naissante de mener une action.

Cela m’a permis de voir la problématique sous un autre angle.

Encore quelques interrogations sur la faisabilité.

 

  J’ai adoré, on sort des sentiers battus. On se réinitialise.

Besoin d’accompagnement.

Avec les exercices pratiques, on a rappelé l’importance de l’attention à l’autre.

Ça donne envie de mener une action.

 

« La littérature ne change ni l’homme ni la société. Pour autant, l’absence de littérature rendrait l’homme encore plus infréquentable. » 

Tahar Ben Jelloun

 

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